Grand Palais


PROMESSES

UN SECTEUR RENOUVELÉ ET AGRANDI DÉDIÉ AUX JEUNES GALERIES ET À LA CRÉATION ÉMERGENTE

Promesses, un secteur renouvelé et agrandi dédié aux jeunes galeries et à la création émergente

À l’occasion de son retour au Grand Palais, Art Paris s’engage plus que jamais envers les jeunes galeries et la création émergente. Pas moins de 25 galeries de moins de 10 ans d’existence ont été ainsi sélectionnées par Marc Donnadieu, membre du comité de sélection d’Art Paris et commissaire d’exposition indépendant, pour le secteur Promesses qui se déploie pour la première fois le long des balcons du Grand Palais. Celles-ci peuvent présenter un maximum de trois artistes et 45 % du coût de la participation est pris en charge par la foire. Très international avec 59 % de participation étrangère, Promesses accueille à l’occasion de cette 27e édition 17 galeries françaises ou étrangères qui font leur premier pas à Paris.

22,48 m2 (Romainville) propose, pour sa seconde participation à Art Paris, un solo show du peintre italien Marco Emmanuele. Entre figuration et abstraction, celui-ci expérimente des matériaux comme du sable, de la poudre de verre et de la colle de peau de lapin afin d’enrichir son approche du paysage de nouvelles textures et de nouveaux effets de lumière.

Afronova (Johannesburg) orchestre, pour son retour à Art Paris, les œuvres de trois artistes phares de la scène sud-africaine, Vuyo Mabheka, Dimakatso Mathopa et Mashudu Nevhutalu, autour de l’archive en tant que pratique culturelle résistante. Installée à Johannesburg, cette galerie aborde en effet, au fil de sa programmation innovante, la complexité des récits intersectionnels existants, entre subjectivités identitaires, inconscient colonial, mémoires urbaines et les perspectives d’avenir.

C+N Gallery CANEPANERI (Gènes, Milan) a choisi de présenter un solo show de l’artiste plasticienne française Gillian Brett, Prix Révélations Emerige–Villa Noailles en 2022 pour ses recherches sur les relations entre nature, culture et technologies contemporaines. Ses œuvres, principalement réalisées à partir de rebuts dérivés de dispositifs électroniques, soulignent ainsi la façon dont les écosystèmes numériques, au-delà de leur nature apparemment immatérielle, influencent et transforment durablement le monde qui nous entoure.

Camille Pouyfaucon (Paris) met l’accent sur cette nouvelle génération d’artistes qui, tout en puisant dans les codes classiques, apportent une dimension résolument contemporaine à la peinture figurative. Les œuvres de Lara Bloy, Léa Toutain et David Mbuyi explorent ainsi, de façon spécifique et complémentaire, la condition humaine, les interactions sociales et l’intimité domestique tout en les inscrivant au cœur d’espaces contemplatifs où chaque détail invite à une immersion introspective.

Chiguer art contemporain (Montréal, Québec) présente un solo show consacré à l’artiste inuit Pitseolak Qimirpik. Initié par son père, Kellypalik Qimirpik, il se fait remarquer sur la scène artistique canadienne dès l’âge de 13 ans par son savoir-faire exceptionnel en dessin et en sculpture. Ces œuvres illustrent le plus souvent le concept de transformation chamanique, croyance traditionnelle selon laquelle certains individus peuvent, en cas de nécessité, prendre la forme d’un autre animal afin de bénéficier de ses attributs spécifiques et survivre dans les conditions extrêmes de l’Arctique.

Cuturi Gallery (Singapour, Londres) consacre son stand à l’artiste singapourien Israfil Ridhwan. Ses peintures créent un dialogue subtil entre narration émotionnelle, introspection personnelle et influences artistiques plus larges, des maîtres de la Renaissance à Frida Kahlo. Les thèmes de la quotidienneté, du plaisir et de la mélancolie s’expriment ainsi dans son œuvre à travers la figuration de moments simples et intimes directement adressés au regard du spectateur.

Fondée en 2022, EDJI Gallery (Bruxelles) milite pour des pratiques professionnelles plus ouvertes et inclusives, et célèbre la multiplicité et la richesse des voix BIPOC et LGBTQIA+ actuelles. Pour sa première participation à Art Paris, elle met ainsi en lumière le peintre chinois Killion Huang. À travers une installation monumentale alternant 25 œuvres sur papier et 25 miroirs, son stand souligne la performativité des réseaux sociaux où des moments prétendument intimes – mais le plus souvent minutieusement mis en scène – sont partagés impudiquement avec le monde entier.

Felix Frachon (Bruxelles) fait dialoguer les œuvres du brésilien Mano Penalva, du français Arnaud Rochard et de l’indien Shine Shivan. Favorisant la diversité des cultures et des expressions actuelles, cette proposition inédite prendra la forme d’un territoire utopique où le visiteur pourra s’échapper du monde extérieur ultra rapide, médiatisé et clivant au profit d’un environnement plastique plus sensible, profond et inclusif, emblématique de la ligne directrice de découverte ou de redécouverte de scènes et formes artistiques contemporaines hors du champ traditionnel de l’art que développe la galerie depuis sa création.

Galerie Anne-Laure Buffard (Paris) propose un trio show autour des questionnements géopolitiques, féministes et environnementaux actuels. Ilanit Illouz place ainsi la géographie au cœur d’un langage plastique ouvert à l’interdisciplinarité des médiums, entre photographie, peinture et installation. À l’intersection du pictural, de l’artisanal et du digital, les œuvres de Pauline-Rose Dumas mêlent, elles, sculpture à la forge et superpositions d’impressions textiles. Installé en France depuis 2019, les recherches de l’australien Gregory Hodge s’attachent actuellement à l’influence des tapisseries de la Manufacture des Gobelins sur les tableaux de Bonnard, Vuillard et Denis conservées au Musée d’Orsay.

Pont entre l’occident et l’orient, Écho 119 (Paris) développe pour la première fois sur Art Paris des regards inédits entre dessin, sculpture, broderie et photographie. Intimités bichromatiques met ainsi en lumière la démarche de trois artistes femmes d’exception : Maryam Khosrovani (Iran), Rieko Koga (Japon) et Sakiko Nomura (Japon), sous la forme d’une exploration visuelle en noir et blanc. Inspirée par le concept des « wishing trees », Rieko Koga invitera même les visiteurs d’Art Paris 2025 à proposer un vœu ou un mot qu’elle brodera ensuite sur une sculpture textile ; l’œuvre se transformera dès lors tout au long de la foire, gagnant en spiritualité.

La Galerie Idéale (Paris) s’est installée depuis 2023 à deux pas de la Fondation Pernod Ricard. Sous l’intitulé Leurs mondes, sa première participation à Art Paris a été pensée comme une rencontre entre les cultures occidentales, amérindiennes et orientales. La tapisserie monumentale de Mona Cara, artiste acclamée lors de la dernière biennale de Lyon, est inspirée du jeu des serpents et échelles populaire au Moyen-Orient. La peinture Dimentional Middle Time d’Edgardo Navarro évoque, elle, le Mexique moderne face aux traditions des Indiens Huicholes. Les sculptures brutalistes de Mengzhi Zheng explorent enfin la matérialité de notre quotidien dans le contexte de la globalisation en Chine.

La figuration est l’un des axes majeurs de programmation de la galerie Valerie Delaunay (Paris). Aussi a-t-elle conçu pour Art Paris 2025 une confrontation transatlantique entre la peintre française Barbara Navi et le peintre argentin Sergio Morabito. À l’instar de magiciens, chacun à sa manière cultivent ainsi un même désir ardent à plonger le regard du spectateur dans des situations et des lieux énigmatiques et fascinants où la construction, l’architecture et la perspective de leurs compositions contribuent à une redéfinition surprenante des formes et des figures.

Hunna Art (Koweit) a sélectionné, pour sa seconde participation à Art Paris, trois femmes artistes de la galerie, Raya Kassisieh, Razan AlSarraf et Nour Elbasuni, dont les pratiques s’engagent de manière critique à l’intérieur et au-delà des frontières de leurs contextes politiques, sociaux et culturels respectifs. Interrogant la production artistique sous l’angle de l'hybridation, révélant la fluidité des origines, des constructions sexuées et des frontières spatio-temporelles, chacune déstabilise dès lors les cadres normatifs de la forme, de l’appartenance ou de l'incarnation, et positionne leurs œuvres à l’intersection entre la mémoire personnelle et l’histoire collective.

Kanda & Oliveira (Chiba) a souhaité mettre en parallèle les productions de deux artistes de génération différente, mais dont la démarche résonne l’une à l’autre. Yozo Ukita (1924-2013) est l’un des premiers protagonistes du mouvement Gutaï encore peu connu hors du Japon, alors que Natsuko Sakamoto (née en 1983) est, elle, l’une des figures essentielles de l’abstraction contemporaine japonaise. Les expérimentations méthodologiques de leurs travaux respectifs dépeignent ainsi, chacune à sa manière, ce « monde qui n’existe pas encore » selon la belle formule de Natsuko Sakamoto.

La Galería Rebelde (Guatemala City) consacre son stand au peintre costaricain Luciano Goizueta. Tout son œuvre s’attache à la représentation du paysage, en jouant avec la couleur et la lumière, le réalisme et l’abstraction, la géographie et la temporalité du voyage. À l’instar des images d’un journal intime, chacune de ses peintures est ainsi empreinte du souvenir de chaque site qu'il a visité, de chaque moment qu’il a mémorisé, de chaque déambulation qu’il a effectuée. Aussi, chacun d’entre eux porte le nom de la distance précise qui sépare son atelier du lieu représenté.

La peau de l’ours (Bruxelles) met en lumière la série « The Dreamer » de l’artiste français Yoann Estevenin. Initiée en 2024, celle-ci se développe à travers des céramiques monumentales, des dessins au pastel et des peintures sur bois peintes, gravées et parfois savamment brulées. Toutes les recherches de l’artiste expriment ainsi une étrange impression de funambulisme à observer des personnages qui semblent ne faire que passer, un peu comme s’ils marchaient à la lisière du monde, presque prêts à basculer l’instant d’après afin de mystérieusement nous échapper.

LABS Contemporary Art (Bologne), orchestre un dialogue inédit et rigoureux entre deux artistes femmes : Elisabeth Scherffig née en 1949 à Düsseldorf, mais installée depuis 1971 à Milan, et Giulia Marchi née en 1976 à Rimini où elle vit et travaille. La démarche de la première est centrée sur l'espace urbain qu’elle considère comme un organisme en constante métamorphose. La seconde présentera le projet Mutter ich bin dumm fondé les « notes à la folie » de Friedrich Nietzsche, vingt-et-une lettres adressées depuis Turin à des personnes cruciales pour le philosophe après s’être partiellement remis d’un épisode traumatique.

À l’occasion de sa première participation à Art Paris, Michèle Schoonjans Gallery (Bruxelles) s’interroge sur la façon dont une pratique artistique sensible et ancrée dans le réel peut engager le regard et inciter à la contemplation, en valorisant la lenteur tant dans le processus de création que dans la perception de l’œuvre. Trois artistes, Jérôme Bouchard, Nicolas Delprat et Natacha Mercier, ouvrent ainsi des espaces de doute où l’image et la matérialité se confrontent, permettant dès lors au spectateur de projeter ses propres narrations et interprétations.

Nouvelle galerie rouennaise, Panis (Rouen) dévoile un trio show rassemblant trois artistes de la galerie, Sosthène Baran, Olivier Kosta-Théfaine et David Roth, qui font émerger une poésie du réel révélant ce que les mots, seuls, peinent à nous dire. Explorant, tour à tour, les notions de territoire, de mémoire et d’utopie, les œuvres offrent ainsi un regard sur le paysage à travers des détails a priori banals, mais qui racontent avec bien plus de justesse ce qui se joue aujourd’hui dans nos environnements contemporains si complexes.

Prima (Paris), fondée en 2024, propose un duo show réunissant deux artistes de la galerie, amis dans la vie, qui explorent, chacun à sa manière, un attachement à la figuration et la dimension symbolique de l’eau. Diplômé de la Villa Arson à Nice, Bryce Delplanque s’inspire de la série « Nine Swimming Pools and a Broken Glass » (1968-1976) d’Ed Ruscha afin de revisiter l'imaginaire de la piscine. Diplômée de La Cambre, Héloïse Rival célèbre, elle, au fil de céramiques murales émaillées, l’eau, le reflet et le mouvement avec un équilibre unique entre narration et ornementation.

Engagée à défendre la scène brésilienne en France, Salon H (Paris) a souhaité réaliser un focus sur les travaux Felipe Rezende. Né à Salvador de Bahia en 1994, lauréat du prix de l’Institut Tomie Otake de São Paulo, l’artiste s’est imposé comme une figure déterminante de l’art contemporain brésilien. Son œuvre prend comme point de départ les flux migratoires des travailleurs non qualifiés du Brésil, suite aux abus de l’agrobusiness et à la violence des accapareurs de terres au Nordeste. Mais loin de s’inscrire dans un dispositif naturaliste, l’artiste élabore des arrangements narratifs subtils hybridant d’autres figures issues de l’iconographie religieuse, de la culture pop et de la bande dessinée.

Soho Revue (Londres) met en valeur les travaux de deux femmes artistes émergentes, Joana Galego et Nooka Sheperd, qui s’attachent chacune à leur manière à la représentation de la figure humaine, à travers les médiums de la peinture, du dessin et de la céramique. Les œuvres de la première, particulièrement sensibles et délicates, illustrent les moments les plus intimes de la vie quotidienne. Celles de la seconde, plus vibrantes et colorées, sont plus poétiques, oniriques et quasi d’essence mythologique.

Pour sa première participation à Art Paris, The Bridge Gallery (Paris) présente un trio show de trois artistes sud-africain Hugh Byrne, Dale Lawrence et Bulumko Mbete, ce dernier étant un nouveau venu dans la programmation de la galerie qui vise à établir des ponts entre la France et la scène artistique sud-africaine émergente. Les œuvres de Byrne, puissantes et colorées, redéfinissent l’idée de paysage, alors que celles de Mbete plongent dans les profondeurs mémorielles de l’héritage textile sud-africain, quant aux pratiques artistiques de Lawrence celles-ci s’attachent à retisser des moments d’intimité au cœur du langage, des rituels quotidiens et des histoires familières

Galerie spécialisée dans la scène émergente des pays de l’Est, Tomas Umrian Contemporary (Bratislava) met l’accent sur l’œuvre de l’artiste slovaque Lucia Tallová. Dans ses installations, Tallová incorpore de vieilles photographies dans des meubles anciens, intervenant subtilement par des ajouts tels que détails fragmentées ou taches de couleur. En retravaillant ces images, elle perturbe leur signification originale, insufflant une nouvelle vie au support photographique et évoquant un sentiment de renaissance temporelle et identitaire.

Wamono Art (Hong Kong) établit un dialogue entre trois femmes artistes japonaises de premier plan, Kei Hasegawa, Shiori Kaneko et Yuki Onodera. Tout en utilisant des médiums différents, le bambou, la céramique et la photographie, chacune d’entre elles développe une même compréhension sensible et profonde des formes, ce qui leur a permis de briser les notions préconçues sur la physicalité des matériaux naturels afin d’exprimer des visions et des esthétiques incomparables.


Marc Donnadieu est critique d’art et commissaire d’exposition indépendant. Il a été conservateur en chef à Photo Élysée (Musée cantonal pour la photographie, Lausanne), après avoir été conservateur en charge de l’art contemporain au LaM Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de 2010 à 2017, et directeur du Fonds régional d’art contemporain de Haute-Normandie de 1999 à 2010. Il a été commissaire ou co-commissaire d’expositions monographiques ou thématiques de référence consacrées à la photographie contemporaine, aux pratiques du dessin, aux représentations actuelles du corps, aux processus identitaires au sein des espaces sociaux d’aujourd’hui, aux relations entre art et architecture et aux rapports entre photographie et art brut. Membre de l’Association internationale des critiques d’art (AICA) depuis 1997, il a collaboré à de très nombreuses revues étrangères et françaises, dont Art Press depuis 1994. Il a également participé à plusieurs dizaines de catalogues et d’ouvrages monographiques ou thématiques dans les domaines des arts visuels, de l’architecture, du design ou de la mode.

Héloise Rival, Smirnoff ice, 2024

Sélection 2025 :

22,48 m2 (Romainville)
Afronova (Johannesburg)
Galerie Anne-Laure Buffard (Paris)
The Bridge Gallery (Paris)
C+N Gallery CANEPANERI (Gènes, Milan)
Chiguer art contemporain (Montréal, Ville de Québec)
Cuturi Gallery (Singapour)
Valerie Delaunay (Paris)
Galerie Écho 119 (Paris)
EDJI Gallery (Bruxelles)
Felix Frachon (Bruxelles)
Hunna Art (Koweït)
Galerie Idéale (Paris)
Kanda & Oliveira (Funabashi, Chiba)
Camille Pouyfaucon (Paris)
LABS Contemporary Art (Bologne)
La peau de l’ours (Bruxelles)
Panis (Rouen)
Prima (Paris)
La Galería Rebelde (Guatemala City)
Salon H (Paris)
Michèle Schoonjans Gallery (Bruxelles)
Soho Revue (Londres)
Tomas Umrian Contemporary (Bratislava)
Wamono Art (Hong Kong)

Israfil Ridhwan, This Time I'll Leave First, 2023
Sosthène Baran, Des figures, 2024
Yuki Onodera, How to make a Pearl, No. 07, 2000
Yoann Estevenin, Un ami en or , 2022
Vuyo Mabheka, Umsila, 2024
Killion Huang, Cusps , 2023
Gillian Brett, Eleusine indica , 2023
Luciano Goizueta, 1242km, 2024
Rieko Koga,  My Soul, 2016
Felipe Rezende, Devolução, 2024
Edgardo Navarro, Dimensional Middle Time II, 2020
Elisabeth Scherffig, Écossaise, 2020
Yozo Ukita, 赤・白・白, 2000
Sergio Morabito, Creacion de arquetipos, 2017
Marco Emmanuele, 10000 seahorse power, 2021
Lara Bloy, Peintre à l'atelier II, 2024
Pitseolak Qimirpik, Anaconda Transformation, 2024